Lis l’article sur l’expérience d’Annalia Bodeo, volontaire à long terme avec Proyecto Consciente au El Salvador.
Une grande volonté face aux stéréotypes: Avec une grande envie de mettre en pratique mes compétences et connaissances apprises depuis toute une vie en famille, à l’école, à l’université et grâce à la vie quotidienne, j’ai choisi cette voie.
Avec le cœur et l’esprit ouverts j’ai décidé me lancer dans cette aventure, cette expérience de 6 mois au El Salvador commencée en janvier 2018. Ce n´est pas seulement une question d´aider, cela va bien au-delà. C´est pouvoir s´intégrer à une réalité, connaitre, échanger avec les personnes sur place et ensemble s´engager pour le bien commun et faire germer les semences qui fleurissent avec le temps, grâce à de nombreux efforts et avec l´espoir.
Beaucoup trop de clichés sur ce beau pays. Beaucoup de « fais attention, c’est dangereux là-bas » et moi toujours indifférente sachant que pour y croire d’abord il faut le vivre, mais surtout il faut le vivre pour démentir cette construction de la peur et du terriblement dangereux. Aujourd´hui, après 2 mois de séjour et de travail dans la Fondation CONSCIENTE El Salvador, je peux dire qu’ils s’agissaient de grandes illusions et de stéréotypes sur un pays que la plupart des personnes ne connaissent pas personnellement mais malheureusement seulement à travers les médias qui influencent l’image du pays au niveau international. Bien sûr je suis sincère, il existe deux faces de la même médaille; mais pourquoi toujours se pencher sur celle négative ou mieux dit la partie à améliorer?
Deux faces d´une même médaille
Ce pays et ce peuple ont quelque chose de bien spécial, ils ont pour la plus part une volonté et capacité de changer la réalité mais malheureusement le système capitaliste ainsi que patriarcal et machiste qui priment empêchent une transformation positive et un développement durable du pays. On ne peut pas cacher que El Salvador souffre entre autre d’analphabétisme, de violence, de violence envers les femmes, de corruption, de pandillas (bandes de jeunes organisées menant des activités illicites et criminelles), de contrôle politique et un système bien complexe, de peur créée par les médias, d’un passé plein de souffrance, d’un grand vide laissé par la guerre civile dont les conséquences se voient maintenant mais surtout d´une grande pauvreté économique et une culture conservatrice qui empêchent entre autres à de nombreux enfants d’accéder à l’éducation.
Une idée innovatrice
Par conséquence, pour transformer petit à petit cette réalité après y avoir pris conscience il faut avoir le courage de se lancer. C ́est le cas de la Fondation CONSCIENTE El Salvador qui est composée par un groupe de jeunes salvadoriens qui s’engagent dans la ville de San Francisco Gotera, capitale du département de Morazán. Cette région au niveau national est la deuxième la plus pauvre économiquement ainsi que celle qui bat le record des taux les plus dramatiques en question d’accès á l’éducation, de chômage, de revenu,… Leur travail se focalise dans la conscientisation de la réalité des habitants hommes, femmes, jeunes, enfants de la région et combat pour l’accès à une éducation critique et alternative. Le challenge est placé et depuis quelques années les premiers résultats se voient. Les trois domaines d’action visent à un objectif commun: un premier programme de bourses pour des étudiants désirant poursuivre leurs études à l’université; un deuxième lié à l’éducation de genre et à l’environnement, soit les thèmes les plus sensibles dans la région, ainsi que lié à une jeunesse engagée pour la sensibilisation et la diffusion d’idées innovatrices à la population; et un troisième programme appelé «Portal Educativo» afin d’améliorer les conditions d’apprentissage des mathématiques pour les enfants de l’école primaire grâce à l’intégration de la technologie.
Un travail très complexe et de nombreux efforts d ́un groupe engagé dans lequel j’ai trouvé ma place. Pendant les premières semaines dans le projet j’ai accompagné les éducateurs populaires, un groupe de jeunes étudiants volontaires bénéficiant de la bourse de CONSCIENTE qui doivent accomplir un travail social dans des ateliers comme échange à l ́aide économique reçue par les respectifs parrains et marraines suisses.
Ces activités m ́ont ouvert les yeux à une réalité bien plus complexe de ce qui paraissait de première vue: la vie quotidienne de la plupart des salvadoriens n’est pas évidente. Je me sens très proche d ́eux en pouvant écouter des témoignages aussi très émotionnels, mais en même temps très éloignée: pas autant de violence, pas de guerre, pas ce niveau de pauvreté et pas autant de pression envers les femmes en Suisse.
Un élan d ́une réalité fascinante mais complexe
Chaque jour la rencontre d’une nouvelle personne, une découverte, alimentaire, linguistique, géographique, historique et plus en
général culturelle. J’ai beaucoup aidé jusqu ́ à présent dans des domaines d’action différente de CONSCIENTE pour pouvoir en
découvrir les fondements mais surtout développer mon projet. Recre/acción, un projet pour les jeunes de la région de Gotera promouvant la participation des filles, l ́intégration et la socialisation à travers des activités sportives, ludiques, créatives et de sensibilisation sur des thèmes de la vie quotidienne souvent vus comme tabous par la société: le genre, l ́environnement, l’expression, la prévention et la santé, la sexualité,…. Entre autre, les objectifs plus profonds sont la prévention de la violence, des drogues, de l ́alcool et du tabac. Bientôt ouvert aux jeunes, les volontaires de CONSCIENTE et moi, nous nous réjouissons d ́inaugurer cet espace de rencontre régulière et de croissance personnelle.
Un esprit curieux et une volonté de connaitre plus
Les liens d ́amitié, ma place dans le projet, les découvertes quotidiennes et les témoignages émotivement touchant mais aussi avec pleins de doutes à éclaircir et des questions à répondre, je me sens à la maison et ce sentiment me donne une énergie incroyable chaque jour. Les expériences ne sont pas toujours faciles. Grâce à une association allemande, Flüchtlingshilfe Mittelamerika, je suis en train de découvrir pendant deux semaines des facettes difficilement accessibles de ce pays: la visite d ́un centre pénitencier, la visite d ́un hôpital spécialisé pour les femmes, le témoignage d ́ex-combattants en temps de guerre il n’y a pas long-temps, la visite d ́une école spéciale, travailler dans la récolte des déchets dans un camion à San Salvador mais surtout être observatrice internationale des élections.
La politique ici est partout et a une grande influence sur les domaines de la vie quotidienne. Le jour des élections a été bien stressant. Et la droite a repris le contrôle du pays. Ces expériences uniques sont beaucoup plus profondes de ce qu ́elles paraissent et je suis ravie en pouvoir bénéficier. On ne peut pas changer le monde mais on peut changer la manière de voir la réalité pour pouvoir la changer. A petite échelle et avec mes études de géographie et anthropologie je me sens en devoir de découvrir une autre culture, de pouvoir contribuer et participer avec le possible mais apprendre aussi à voir avec un nouveau regard. Je suis enchantée d ́avoir la chance de rester encore du temps ici, le temps de tomber encore plus amoureuse du pays et de son peuple. Mon aventure comme mon engagement continuent.