Au laboratoire biomédical de Kpalimé (Togo)

Volontariat au Togo (juin – juillet 2021) – Denise Steiner

Après avoir appris en janvier 2021, de façon assez surprenante, qu’il me fallait chercher un nouvel emploi, je commençai à passer en revue différentes possibilités. Comme en Europe la deuxième vague du Coronavirus était à son zénith, l’option voyage n’était pas très prometteuse. J’aurais pourtant bien aimé faire mes valises et entreprendre enfin le tour du monde que je désirais faire depuis longtemps. Les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale figuraient en tête de ma liste comme je n’avais, à l’exception du Maroc, pas encore voyagé sur le continent africain. Cela faisait déjà un certain temps que j’envisageais de travailler dans le domaine des relations internationales ou, du moins, de m’engager comme volontaire. C’est sur le portail emploi de l’Université de Zurich que j’ai découvert le SCI Suisse. Comme l’organisation du SCI Suisse propose des projets de longue durée dans les pays africain, j’ai pris contact avec eux et me suis renseignée sur les possibilités d’engagement dans une école en Ouganda. Un engagement n’était possible qu’en septembre, les écoles étant fermées à cause de la pandémie. Fin avril, le SCI m’informa que les engagements au Togo étaient à nouveau possible. C’est ainsi que le projet « engagement dans un laboratoire biomédical de Kpalimé » a vu le jour. Je commençai alors à m’informer sur les différentes règles relatives au Coronavirus pour les voyages à l’étranger : pour le Togo (test PCR et visa), mais aussi pour la France vu que je devais passer par Paris pour me rendre Lomé, la capitale togolaise.

J’eus mes vaccins contre le Corona au mois de juin et juillet. Après avoir fait tous les vaccins supplémentaires requis ainsi que le test-PCR, je partais le 7 juillet de Genève, via Paris, pour le Togo.

Dans ma valise : masques, gel désinfectant, une dizaine de brosses à dents et dentifrices à offrir, d’autres cadeaux, une blouse de laboratoire, pantalons longs, chaussures fermées et gants jetables pour le labo, robes d’été pour une semaine, de même que des habits de randonnée.

Le voyage se passa très bien. L’arrivée à Lomé, le second test-PCR à l’aéroport, puis l’accueil par ASTOVOT ainsi que la première nuitée à Lomé aussi. Le seul souvenir qui me reste de Lomé, ce sont les motos, le principal moyen de transport de l’endroit. Je connaissais déjà cela de mon voyage au Vietnam. Le deuxième jour, je me rendai en taxi collectif à Kpalimé, le siège de l’organisation ASTOVOT et ensuite chez ma famille d’accueil.  

Dans la maison de ma famille d’accueil vivaient la grand-mère, l’arrière-grand-mère, un des petits-enfants et un petit-neveu. Il est courant ici que les enfants habitent avec les grands-parents pendant que les parents travaillent. Je reçus ma propre chambre qui disposait d’un grand lit avec moustiquaire.

Le lendemain, l’organisation me conduisit à l’hôpital tenu par les religieuses. C’est ici que j’allais aider au laboratoire biomédical pendant six semaines.

Grâce à ma formation de chimiste et à mon expérience professionnelle dans une entreprise pharmaceutique produisant des médicaments sur la base de prélèvements sanguins, je savais à peu près comment fonctionne un tel laboratoire. Mais comme je m’étais spécialisée dans les logiciels des laboratoires, et que je n’étais ni biologiste, ni médecin, la prises de sang et son traitement ultérieur était une expérience toute nouvelle pour moi.

Mes collègues au laboratoire ont été d’un grand soutien : ils m’ont expliqué tous les procédés, de sorte que dès le premier jour je pus tout de suite faire une prise de sang et, quelques jours plus tard, aussi les prélèvements avec seringue.

C’était mon occupation principale durant les six semaines qui suivirent. Le sang prélevé était ensuite analysé à l’aide de différentes méthodes, selon ce que le médecin ou le personnel infirmier avaient ordonné. L’analyse la plus fréquente était celle des parasites de malaria : on donne d’abord une petite quantité de sang sur une plaquette de verre, ensuite, on teinte le sang avec du violet. Grâce à la coloration les parasites, si présents, sont alors reconnaissable/apparaissent. D’autres analyses concernaient les proportions de globules rouges et blanches, la présence de syphilis, du typhus, du sida, ou encore la glycémie, le taux de cholestérol, de glutamate, d’électrolyte, les grossesse, parasite dans les selles et autre.

Nous étions quatre au laboratoire : le chef de labo, deux employés et moi. Certains jours, nous avions des patients tout au long de la matinée, parfois seulement une vingtaine. Ensuite il fallait analyser les échantillons. À partir de 13h les résultats pouvaient être récupérés. L’après-midi était souvent plus calme, peu de patients venaient. Ils nous étaient envoyés soit directement par le médecin, soit c’est nous qui nous rendions auprès des personnes hospitalisées pour faire les prise de sang. L’après-midi, quand l’ordinateur n’était plus utilisé pour saisir les données, j’effectuais les statistiques des nombreuses analyses effectuées. La majorité des résultats étaient ensuite transcrits à la main dans un cahier, l’utilisation de l’ordinateur (un écran à tube avec Windows XP Sweet) étant restreinte à l’enregistrement des données dans un formulaire donné. L’ordinateur était donc souvent libre l’après-midi. C’est ainsi qu’il se confirmait que je préférais enregistrer les données plutôt que de faire les prises de sang bien que c’eut été passionnant d’expérimenter, pour une fois, le travail avec le patient et d’effectuer les prélèvements sanguins. Mais il y avait bien une raison qui m’avait fait choisir le travail en informatique après mes études. Par ailleurs, j’ai pu constater que certaines règles de base du travail en laboratoire s’appliquent et son respectées partout.

Après mes tâches au laboratoire, qui durait souvent de 7:30 à 12:00 et de 13:30-16:00, je passais le reste de mon temps à partir à la découverte. Parfois je me baladais au centre-ville de Kpalimé, où je me rendais soit au marché, soit j’observais les différents produits des magasins et des étalages en bord de route. D’autres fois, je me rendais dans un bar, où était diffusé le Championnat d’Europe de foot 2020 (ou 202). C’était à chaque fois des soirées très divertissantes, car les gens ici sont très passionnés durant les matchs et choisissent souvent pendant le match, en fonction du jeu, leur équipe favorite. C’était très sympathique.

De manière générale, j’ai trouvé les gens ici très avenants et accueillants. Il se trouve toujours quelqu’un pour vous aider ou vous conduire vers une autre personne capable de vous renseigner. C’est très utile quand on est à la recherche d’un hôtel ou d’un monument dont on a lu ou entendu, mais qu’on ne trouve pas. Google Maps indique plusieurs hôtels, mais pour les sites touristiques ou les plus petites routes, il est moins précis. Aussi y a-t-il maintenant de nombreux restaurant et échoppes qui sont fermées, voire même fermées définitivement, en raison de la pandémie, puisqu’ici aussi on est sensé rester à la maison. Dès 21 heures c’est le couvre-feu pour les restaurants et bars. D’après ce que j’ai pu comprendre, les restrictions n’étaient déjà plus aussi sévères en juillet, mais l’économie ne récupère que très lentement des restrictions passés.

Beaucoup de gens m’ont raconté qu’ils avaient perdu leur travail à cause du coronavirus. Cela touche tous les conducteurs de moto ainsi que les guides qui conduisent normalement les touristes sur les sites, mais aussi les tailleuses par exemple, puisque les gens sont incités à rester chez eux et ne viennent donc plus choisir des étoffes et passer commande.

Une femme m’a raconté qu’elle doit maintenant arpenter les rues pour vendre des cartes-SIM, car son travail de tailleuse ne lui suffit plus pour vivre. Quand mes mon parcours ne me menait pas au centre, je visitais les rues secondaires. Là on peut découvrir les maisons bâties au milieu de la verdure et voir comment et vers où les gens se déplacent.

Malheureusement le siège d’ASTOVOT se situe à une vingtaine de minutes du lieu de ma famille d’accueil, raison pour laquelle je ne pouvais pas passer beaucoup de temps avec les gens de l’organisation. Ils avaient une grande place de jeu sur leur domaine, une bibliothèque et des bureaux. Il y avait toujours 15-20 enfants là-bas à qui on proposait des spectacles de danse et des séances-cinéma ou d’autres activités.

Le week-end, soit j’entreprenais d’autres tours de découverte, soit je partais en excursion avec d’autres volontaires vers une des nombreuses cascades aux alentours de Kpalimé.

Voilà arrivé la dernière semaine de mon séjour, et je vais quitter ce pays à la fois triste et joyeuse. Le stage m’a donné l’opportunité de découvrir en détail la culture et la mentalité des gens de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Ici on se donne rendez-vous plus spontanément qu’en Suisse et on parle avec pratiquement chacun dehors. Il m’est arrivé d’avoir de la peine à gérer cette spontanéité. Car plusieurs fois je me suis vu confrontée au choix difficile de soit me rendre spontanément quelque part avec quelqu’un soit passer le coup de fil prévu à mon petit-ami. Mon copain était heureusement très compréhensif quand je lui demandais de déplacer notre rendez-vous téléphonique, mais à la longue cela me faisait de la peine.

Bientôt je vais me remettre en chemin pour Lomé. Je dois donc me réhabituer lentement à plus de structure et de planification. Aujourd’hui, par exemple, je dois encore effectuer le payement de mon test-PCR, obligatoire avant le vol, et que j’effectuerai dans deux jours à Lomé. Ensuite, je dois attendre les résultats afin que le jour du départ tous les documents soient en ordre, tout en espérant que mon retour en Suisse se déroule aussi facilement qu’à l’arrivée. Espérons le meilleur !

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